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Articles, Textes, Livres N°3

 

Références et Textes 

Droits d'auteure

Si vous souhaitez citer un article publié sur ce site, mentionnez les références indiquées dans chaque texte.

 

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- Pour écouter l'émission de radio  Planète Féministe, vous pouvez cliquer sur le lien ci-dessous ou aller sur la page "Ecouter l'émission" de ce site

https://audioblog.arteradio.com/blog/182081/emission-de-radio-planete-feministe#

 

 

 

  Sommaire de la page

 

1- Planète Féministe : Emission sur les études féministes

2- Hommage à Françoise Héritier et à Simone Veil

3- Faire de la Radio et le langage universel

4-

5-

6-

7-

 

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      Marie-Anne  JURICIC    

 

Planète Féministe : Emission sur les études féministes 

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Planète Féministe fut une émission de radio libre diffusée chaque semaine, en direct durant 1h30 (temps important pour réfléchir, converser et s'entretenir sur de nombreux thèmes) qui s'est étendue sur une décennie (1995-2006) avec une mission bien précise, celle de naviguer dans le champs de la pensée, des théories, des textes, des livres individuels et collectifs publiés autour du féminisme, d'essais, d'anthologies, de pamphlets, de colloques universitaires et de séminaires, qu'il s'agisse du passé, lointain ou récent, du présent, de l'actualité ou plus globalement de notre contemporanéité.

 

   

En ce sens, Planète féministe demeure une vaste bibliothèque sonore très riche car les propos qui se sont tenus ont pu être développés de façon exhaustive. Tous les livres, les textes, les articles et ouvrages collectifs présentés dans l'émission de radio ont été lus entièrement. Ce qui est très rare ailleurs quand ce n'est pas tout simplement inexistant. Les sujets soulevés ont donc pu être abordés en toute connaissance de cause, de façon sérieuse et travaillée.

 

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L'émission Planète Féministe fut pluridisciplinaire (Sciences, toutes les sciences humaines (sociologie, ethnologie, anthropologie, linguistique, histoire, préhistoire, sciences politiques, psychologie, psychanalyse), littérature, philosophie, journalisme, droit et art) et autant intellectuelle, éthique, engagée, humaine que musicale.

 

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Les 200 émissions constituent une archive et une ressource précieuses pour comprendre l'évolution de la condition humaine, l'évolution des rapports sociaux de sexe, l'évolution de la réflexion et des actions menées autour de principes comme l'égalité des sexes, la liberté, la sororité, la laïcité, la démocratie, la République, les droits humains. Cette évolution représente en soi, une transformation majeure aux 20e et 21e siècles dans l'histoire de l'humanité.

 

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Cette aventure radiophonique a embrassé autant une vue panoramique, une vue macroscopique, une vue microscopique, une vue analytique qu'une vue synthétique, et ce, à travers les époques, les disciplines et des voix humaines aussi originales que classiques dont malheureusement certaines se sont éteintes (le temps passe vite), avec des points de vue singuliers, ce qui a fait la force, l'effervescence et l'efflorescence de Planète Féministe.

 

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Grande liberté d'expression, qualité intellectuelle et relationnelle furent les maîtres mots qui ont orienté le déroulement de l'émission. Par le biais d'Internet et de la commission nationale des radios libres, Planète Féministe a été diffusée, pas seulement sur la ville de Paris et de sa région, mais également sur le plan national (CNRL) et international (Internet).

 

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Comme l'avait souligné et intitulé une journaliste du quotidien Le Monde, mais pas seulement d'ailleurs car beaucoup de personnes invitées partageaient également cet avis, Planète Féministe fut une émission unique en son genre.

 

       

A propos de genre, terme qui recouvre un concept et non une théorie, son sens est tellement galvaudé qu'il en devient insignifiant, polysémique et surtout incompréhensible quand ce n'est pas inepte. C'est ainsi que l'on peut entendre certain/es parler d'égalité des genres, ce qui est un non sens absolu et par définition impossible, puisque ce concept au sein de la pensée féministe comporte dans son acception, la notion d'inégalité, de hiérarchie, de rapports de domination, d'oppression.

 

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Le genre est un concept politique et sociologique, qui malheureusement est mis à n'importe quelle sauce. Mais pire encore, il est utilisé pour mieux cacher les termes "Féminisme" et "Sexe". Ce qui est grave. On revendique l'égalité des sexes, l'égalité entre femmes et hommes mais pas une égalité entre les genres. Et l'on prend en considération dans toute étude sociologique, historique ou autres, la variable "sexe" et non le concept de genre.

 

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C'est pourquoi au sujet de Planète Féministe, je parle toujours d'études féministes, et non d'études sur le genre, qui à mon sens reste compromettant et indigent. Je sais que l'expression anglo-saxonne "gender studies" est en vogue, fait florès, et c'est ce que je crains, de voir un peu tout le monde surfer sur la vague de ce concept pour désigner tout et n'importe quoi, dans une imprécision abyssale qui ne permet pas ou plus de saisir au plus près des situations concrètes analysées ou interrogées.

Les études féministes naissent en France, dès la fin des années 1960 dans les cercles féministes intellectuels militants, s'amplifient grâce au MLF, s'étendent à l'université dans les années 1970 et finissent par s'institutionnaliser dans le monde de la recherche, à travers de nombreux mémoires et thèses universitaires tout en gardant un lien précieux, fort, vivant et vivifiant avec la militance féministe. Les études féministes allient engagement et savoir. Réduire l'ensemble de cette recherche, de ces connaissances devenues maintenant encyclopédiques au simple concept de "genre" demeure très problématique et ne fait pas honneur à la richesse, à la finesse et à l'abondance des études féministes. 

 

 

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Le concept "genre" est aussi usité de façon à lui faire dire, ce qu'il ne dit pas, pour introduire une confusion entre les notions de "nature" et de "culture", et par ce biais-là, décrédibiliser tout le champ du savoir afférent aux études féministes, qui sont nuancées, plurielles, détaillées et offrent un large panel de connaissances.

 

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Autre problème et pas des moindres concernant l'emploi du mot "genre", c'est son succès qui se transforme en une mode qui tôt ou tard frisera le ridicule sous couvert de jeu de mot ! Une émission sur "le genre", à savoir sur un concept, n'aurait eu aucun sens, c'est pourquoi Planète Féministe a porté et porte toujours sur les études féministes.

 

   

 

 

      Marie-Anne  JURICIC        

 

Hommage à Françoise Héritier et à Simone Veil 

 

Hommage à Françoise Héritier

Françoise Héritier (15 nov. 1933-15 nov. 2017) était devenue une "habituée" de l'émission Planète Féministe sur Fréquence Paris Plurielle. Je l'ai invitée cinq fois, durant 1h30 pour chaque émission - soit un total de 7h30 d'émission avec elle. A chaque fin d'émission, nous rentrions ensemble soit en transport en commun soit en taxi en prolongeant nos conversations passionnantes et notre intérêt mutuel.

Professeure au Collège de France et directrice du laboratoire d’anthropologie sociale, je l'ai reçue pour les livres suivants :

1- Masculin/Féminin, La pensée de la différence (émission PF N°30 mars 1999)

2- Contraception : contrainte ou liberté ?, sous la direction de Étienne-Emile Baulieu, Françoise Héritier, Henri Leridon (émission PF N°57 octobre 2000)

3- Masculin/Féminin II. Dissoudre la hiérarchie (émission PF N°100 mars 2003)

4- Corps et affects, sous la direction de Françoise Héritier et Margarita Xanthakou (émission N°154 février 2005)

5- Hommes, femmes, la construction de la différence, sous la direction de F.Héritier (émission N°198 juin 2006)

 

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J'ai enregistré dans les conditions du direct la dernière émission avec Françoise Héritier chez elle, dans son appartement parisien, où elle m'a si chaleureusement reçue. J'ai beaucoup de souvenirs avec elle, mais là pour lui rendre hommage, c'est ce souvenir précis qui me revient en tête car j'ai lu son dernier ouvrage "Au gré des jours" début novembre 2017, et lorsque page 79, je suis tombée sur la phrase suivante :

"Il fait si froid par ce 7 mai 2017 – qui restera sans doute dans les annales pour d'autres raisons – que je porte pour écrire des mitaines noires ornées de petits brillants... ", cela m'a immédiatement ramené à l'avant dernière émission avec elle qui a eu lieu en février 2005, où je portais en raison d'un froid de canard comme on dit, des mitaines noires que je porte toujours d'ailleurs dès la fin de l'automne et l’arrivée de l'hiver.

         

Alors qu'on parlait ce soir-là, un peu avant 19 heures, de l'imminence de l'émission, de son livre, elle s'est penchée sur mes mitaines noires avec un regard curieux, brillant, souriant et avec un air très attiré, puis m'a confié qu'elle trouvait très belles mes mitaines, et très judicieux ce vêtement en laine pour à la fois préserver la chaleur des mains et une certaine agilité.

Quant à mes mitaines noires, elles me faisaient systématiquement penser à celles d'Ada (Holly Hunter) dans le beau film devenu très célèbre "La Leçon de piano" de Jane Campion. Dorénavant, elles me feront penser en plus à Françoise Héritier.

Je n'oublie rien qui soit en lien avec Planète Féministe. Je me souviens de tout.

Grande et Belle pensée pour Françoise Héritier

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Souvenirs, souvenirs…

En mars 1999, quand j'ai reçu pour la première fois Françoise Héritier à la radio, avant que nous nous installions dans le studio, elle feuilletait et lisait la revue Marie Pas Claire qui publiait un dossier spécial sur les femmes et le sport. Tout en souriant voire en riant, elle m'avait dit qu'elle aimait beaucoup l'humour, les dessins, et les textes qui figuraient dans ce numéro, tout en parlant toujours calmement, de façon pondérée et chaleureuse.

En octobre 2000, cette fois-ci après l'émission, après avoir quitté le studio mais en restant dans la régie là où on manipule la table de mixage et alors que je récupérais mes CD et autres matériels techniques, il était un peu plus de 20h30, Françoise Héritier qui était à mes côtés, se trouvait exactement dans le même état d'esprit qu'elle décrit dans ces derniers ouvrages Le Sel de la vie, et Au gré des jours, à savoir attentive à tous les détails qui nous entourent, curieuse de ce qui l'environne et intensément présente à ce qui se déroule devant elle.

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Lorsque l'équipe suivante composée d'étudiant/es de Science Po Paris, qui à l'époque animaient une émission sur les médias, qui succédait à Planète Féministe, lança son générique L'Arlésienne de Bizet, Françoise Héritier s'arrêta et se mit à écouter avec ravissement cet air musical en me confiant d'emblée qu'elle appréciait beaucoup cette musique qui lui rappelait son enfance, des moments précis, précieux et heureux de sa vie, de son passé comme les périodes de Noël, et en disant cela, je me rappelle au combien son visage irradiait.

Professeure au Collège de France (1982-1999), titulaire de la chaire d'Étude comparée des sociétés africaines (1982-1998), disciple de Claude Lévi-Strauss tout en s'en distinguant en fondant le concept de «valence différentielle des sexes », Françoise Héritier nous racontait à chaque fois que je l'invitais à la radio, que ce soit à l'antenne ou hors antenne, son impression vertigineuse, impressionnante, effrayante presque, qu'il y avait à se retrouver la seule femme professeure face à un monde intellectuel masculin exclusivement.

 

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Cette minorité numérique était perçue comme pesante voire écrasante. Elle décrivait ce phénomène d'omniprésence masculine lors de réunions importantes au Collège de France comme quelque chose qui l'avait profondément marquée et qui faisait écho et lien avec son travail anthropologique qui portait sur les systèmes de parenté, sur le modèle archaïque dominant, sur l'identique et le différent, sur les butoirs de la pensée, sur le privilège exorbitant de mettre au monde les enfants des deux sexes, sur les systèmes de représentations, sur l'inceste du deuxième type, sur les dangers de l'inceste dans les systèmes d'alliance, et sur la possibilité de dissoudre la hiérarchie érigée entre les statuts féminins et masculins.

L'étude ethnologique et géographique qu'elle avait menée avec Michel Izard dans les années 1957-1958, qui portait sur les Samo vivant dans l'ex Haute Volta, au Burkina Faso l'avait dépaysée radicalement, cependant elle aimait pointer certains rapprochements dans leur façon de penser avec nos sociétés occidentales, notamment la question de la domination masculine et le sens à donner à ce qui nous entoure et nous constitue.

     

La maladie faisait partie aussi de sa vie depuis quelques décennies et l'invalidait considérablement quand elle devait subir des opérations importantes à l'hôpital. Françoise Héritier m'avait expliqué à plusieurs reprises avec force détails sa maladie, ses effets, ses opérations chirurgicales, une fois dans le taxi qui nous raccompagnait, une autre, au téléphone lorsque je l'avais appelée à l'hôpital pour prendre des nouvelles de sa santé et lui souhaiter un prompt rétablissement. Elle m'avait précisé que sa douleur demeurait lancinante, qu'elle devait composer avec au quotidien et qu'elle prenait de la cortisone, ce qui avait des conséquences non négligeables dans son existence sur le plan physique et psychologique.

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Elle était très contente d'être invitée à l'émission Planète Féministe, me disait-elle, car il s'agissait d'un défi pour elle de répondre aux invitations, de parler amplement de son travail anthropologique, de ses écrits, de se déplacer dans les transports en commun, d'être livrée au regard des autres, à leurs analyses, à leur écoute. Il fallait vivre malgré la souffrance, continuer d'agir et de réfléchir malgré la maladie, échanger avec autrui pour éviter le repli. Elle appréciait particulièrement mes questions pointues qui approfondissaient la réflexion d'autant que j'avais l'art de mêler de façon exhaustive, l'intérêt intellectuel avec des interrogations existentielles.

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Je me suis rendu en mai 2012 à une conférence que Françoise Héritier donnait à Science Po Paris sur le thème : "Aux origines de l’inégalité entre les sexes : une pensée du monde ". Je suis allée la saluer un certain temps avant qu'elle prenne la parole dans le grand amphithéâtre, et elle m'a immédiatement souri et parlé de Planète Féministe en insistant sur l'aspect insolite, inoubliable et original des lieux où se réalisait l'émission. Puis elle a évoqué toutes sortes de souvenirs afférents à l'émission, à nos longues discussions, y compris celles qui se prolongeaient dans le métro.

Alors pour boucler la boucle des souvenirs, quand je suis de nouveau allée voir Françoise Héritier à la fin de la conférence, pour qu'elle me dédicace un ouvrage collectif qu'elle avait rédigé avec Michelle Perrot, Sylviane Agacinski et Nicole Bacharan, intitulée « La plus belle histoire des femmes », voici ce qu'elle m'a écrit : « Pour Marie-Anne, en souvenir de nos errances métropolitaines » évoquant par-là nos conversations par-delà l'émission de radio.

 

Dans un rapport pour le Collège de France (1070 Madame Françoise HÉRITIER), concernant ses publications, ses colloques, ses enseignements, ses séminaires, ses activités extérieures et ses distinctions, l'anthropologue Françoise Héritier mentionne sa participation à plusieurs reprises dans l'émission Planète Féministe au sujet de ses interventions à la radio : « Nombreuses émissions radiophoniques à France-Culture, à France-Inter et à Planète Féministe. »

Les deux premiers intitulés radiophoniques concernent les antennes de RF, tandis que le troisième, lui, concerne le nom de l'émission de radio.

 

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Hommage à Simone Veil (1927-2017)

 

Figure emblématique des combats pour l'émancipation notamment celle des femmes, Simone Veil a été évoquée et mentionnée dans l'émission Planète Féministe de très nombreuses fois, en tant que personnalité politique majeure et éminente qui a connu un destin des plus dramatiques et des plus extraordinaires en même temps.

J'ai eu également l'occasion (la chance) de rencontrer Simone Veil, le dimanche 10 mars 1996, car Michèle Cotta nous (les Marie Pas Claire) avait invité dans son émission politique Polémiques sur France 2 parmi d'autres personnalités et actrices sociales pour la journée des femmes qui se fête chaque année, le 08 mars. C'est Christelle Taraud de MPC qui avait pris la parole, ce jour-là dans l'émission parmi les autres invitées présentes, Simone Veil, Nicole Notat, Wassyla Tamzali, Marie-Ange Parère et Roselyne Bachelot pour rappeler où en était globalement la situation des femmes dans les années 1990.

Parallèllement à cela, j'ai pu longuement m'entretenir avec Simone Veil non seulement avant l'émission mais aussi après. Très accessible, se mettant à ma portée alors que j'avais la vingtaine et que j'étais légitimement impressionnée par sa personne, de plus son comportement très respectueux et posé, son regard droit, franc avec ses yeux bleus clairs m'ont marqué d'emblée.

 

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Nous avons échangé en toute liberté sur divers sujets, et nous nous sommes mutuellement interrogées et répondu. Elle m'a demandé où en était la situation des féministes, combien on était, comment s'était déroulée la journée du 25 novembre 1995 où avait eu lieu une grande manifestation féministe à Paris, depuis combien de temps j'étais engagée et en quoi consistait notre association MPC.

Elle m'avait questionné aussi sur mes études, sur le sujet de mon mémoire, dans quelle université j'étudiais et surtout avait insisté pour que je poursuive mes études en soulignant que c'était fondamental.

Puis mon tour est venu de lui poser des questions en lien avec la lutte ou la bataille qu'elle avait menée pour ce qui concerne le droit à l'avortement, comment elle avait vécu cette période houleuse et très violente, elle m'avait parlé de ces lettres horribles et insultantes qu'elle avait reçues.

Je lui ai demandé comment on tenait, comment on résistait en tant que femme dans une arène politique souvent hostile et méprisante à l'égard des femmes, est-ce que la situation avait évolué depuis les années 1970, pourquoi elle s'était engagée dans ce monde politicien, ce qu'elle pensait de la parité et de la construction de l'Europe.

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Puis alors que nous conversions très sérieusement, son époux Antoine Veil est venu me saluer en se présentant comme le mari de Simone Veil, là j'ai souri concrètement ainsi que dans mon for intérieur en songeant que ça changeait un peu, habituellement on entendait souvent : « je suis la femme de tel ministre ou de tel homme politique ». Il a ajouté sur un ton ironique sachant que Simone Veil entendait ce qu'il me disait, que cela l'ennuyait de venir un dimanche accompagner sa femme. Et là Simone veil lui a lancé un regard autoritaire, très insistant, en me confiant qu'il avait un tempérament machiste.

Alors que j'avais emporté avec moi, quelques revues Marie Pas Claire, il m'a demandé très joyeusement s'il pouvait lire la revue pour s'occuper. J'ai répondu bien sûr. Je lui ai tendu la revue et il est allé s'asseoir la lire, il s'est mis à rire en découvrant l'humour que le numéro en question comportait, et en visualisant la scène, moi aussi je riais, et pas que intérieurement.

A l'époque et dans le feu de l'action, je mesurais mal l'immense chance que j'avais eue d'avoir côtoyé le temps de cette journée, une personnalité d'une telle envergure. J'espère qu'elle entrera au Panthéon mais sinon, elle se trouve déjà dans mon Panthéon.

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Pour ce qui a trait au Panthéon, nous (les Marie Pas claire) avions dit à Jane Evelyn Atwood qui voulait nous photographier pour le Figaro Magazine en mai 1998 lors de la sortie d'un article qui portait sur les jeunes générations de féministes, que nous tenions particulièrement à être photographiées devant le Panthéon (ce qui fut fait), sorte de clin d’œil « aux grands hommes, la patrie reconnaissante ».

 

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Photos de Jane Evelyn Atwood (célèbre photographe franco-américaine et auteure d'une dizaine d'ouvrages) au Panthéon et devant la mairie du 5e arrondissement de Paris en mai 1998 : L'association Marie Pas Claire (Maïa, Laura, Marie-Anne, Annick, Alex, Sophie). Clin d'oeil aux "aux Grandes Femmes, la patrie reconnaissante".

 

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Dernier point et non des moindres : après notre rencontre et ces échanges fructueux, au moment de nous quitter et de nous dire au revoir, Simone Veil a tenu à nous dire que si nous avions besoin d'elle, il ne fallait pas hésiter à la joindre, à la contacter avec dans son ton, toujours cette conviction sincère et cette détermination à toute épreuve. Une impression de grandeur chez cette femme remarquable.

 

Emission politique Polémiques sur France 2 avec Michèle Cotta : le dimanche 10 mars 1996, avec comme invitées Simone Veil, Nicole Notat, Wassyla Tamzali, Roselyne Bachelot, Marie-Ange Parère commandante sapeure-pompière et Marie Pas Claire. Lien pour voir l'émission : www.ina.fr/video/CAB96011078 

                                         

Simone Veil et son époux Antoine Veil entrent au Panthéon                    

    Une thématique est consacrée à Simone Veil sur le site  :

       Cliquez sur "Suite 10 : Emissions, Illustrations"

   

 

      Marie-Anne  JURICIC          

 

Faire de la Radio et le langage universel

 

Pourquoi faire de la radio  ? 

Pour être surtout et avant tout entendu/e, pour établir des liens, organiser des rencontres, pour correspondre, pour s'exprimer publiquement bien au-delà des cercles amicaux, intimes restreints, puis pour défendre son point de vue quand l'occasion se présente, pour partager ses convictions, ses réflexions avec d'autres personnes venues d'horizons proches ou lointains sachant que l'on est exposé/e puisque sa propre parole pénètre toute une série de sphères privées qui ajoutées les unes aux autres forment un public qui en partie reste inconnu.

Une émission - bien et sérieusement préparée - qui traite d'un thème qui nous intéresse et qui est diffusée sur une radio associative est-elle écoutée différemment que sur une autre radio ? Difficile de répondre en général ou de savoir ce que pense chacune et chacun d'entre nous à ce sujet. Pour ce qui me concerne, ce n'est pas la même écoute, j'ai le sentiment qu'on y trouve plus d'authenticité, d'intimité, de liberté, et que les enjeux de pouvoir ne sont pas les mêmes. Il s'agit-là de mon avis. D'autres interprétations sont bien sûr envisageables.

 

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La radio reste donc avant tout un moyen de communication où s'exercent la parole et l'écoute. C'est pourquoi le langage utilisé demeure fondamental car il permet un échange humain fondé sur le récit de nos vies et de nos pensées.

Le langage que j'ai utilisé pour présenter l'émission PF ne fut ni grossier ni familier, encore moins vulgaire, sans pour autant être inaccessible ou inaudible, mais tout simplement choisi, réfléchi, et surtout universel par opposition au langage androcentré, particulariste caractérisé par l'illogisme, le sexisme et le mépris.

   

En quoi consiste ce langage universel ?

Ce langage part du principe que nommer, c'est exister, c'est rendre visible, c'est donner de la considération, c'est accorder une place puis apporter un minimum de reconnaissance et d'importance, celui de la politesse au sens noble du terme. Ce langage universel s'oppose au langage androcentré sexiste qui participe de l'effacement des femmes dans la sphère publique, académique et symbolique en tant que sujet pensant et agissant, au même titre d'ailleurs que le droit de vote masculin et le voile islamique, même s'il s'agit de registres différents, ceux de l'élection et de la tenue vestimentaire exposée au regard extérieur. La logique et le processus d'effacement voire d'éradication des femmes qui sont à l’œuvre, restent identiques.

 

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Le langage joue à cet égard un rôle primordial puisqu'il permet la socialisation de chaque individu et reflète l'état d'esprit d'une communauté, d'une collectivité, d'une personne ou d'une société d'où l'impérieuse nécessité pour évoquer l'humanité, de mentionner les femmes et les hommes. Le langage peut être utilisé pour humilier ou honorer quelqu'un/e, pour inférioriser ou valoriser, pour insulter ou respecter, pour montrer ou dissimuler, pour aimer ou haïr, pour éclairer ou manipuler. Ses fonctions sont innombrables et conditionnent considérablement ce qui se déroule dans notre existence.

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« Cachez ou couvrez ce Féminin que je ne saurais voir »...

(Voir à la 40e minute)

    

Ces quelques citations de Molière dans Le Tartuffe, conviennent à merveille pour illustrer l'état d'esprit des contempteurs/trices qui sont insupporté/es par le langage universel.
 
Il ne s'agit pas dans la formule ci-dessous, de critiquer une morale rigoriste, pudibonde car Tartuffe, qui tient ces propos, n'est pas un dévot mais un faux dévot. C'est donc son hypocrisie et non sa dévotion, que Molière cible et ridiculise. De plus en rejetant de façon hypocrite et excessive une chose, le Tartuffe révèle son propre vice et accentue son ridicule.
 
"Couvrez ce sein, que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées."
 
"Ceux de qui la conduite offre le plus à rire,
Sont toujours sur autrui les premiers à médire."


"Contre la médisance il n'est point de rempart."

"Les langues ont toujours du venin à répandre."

 

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Que désigne ou signifie l'irascibilité des "Tartuffe" qui vénèrent le langage androcentré et honnissent ou maudissent le langage universel ?

Tout d'abord, cela fait des décennies que j'utilise le langage universel et se dire que certain/es n'ont toujours pas saisi son intérêt ni son importance, ne comprennent même pas pourquoi sur le plan linguistique et historique, il existe un lien politique avec l'égalité ou l'inégalité des sexes dans ce qui s'énonce ou se verbalise, me laisse pantoise. Une telle ignorance et une telle incapacité à analyser les faits ont de quoi déconcerter !

A moins qu'il s'agisse de résistances, d'indifférence ou de mauvaise foi, auquel cas, on est en face d'individus qui n'entendront jamais ce qu'il y a d'intelligible dans ce langage universel. Il est d'ailleurs inutile de vouloir expliquer quoi que ce soit car ils ont déjà tranché et désirent rester figés dans le langage androcentré, ils y sont habitués et ne veulent déroger aucunement à leurs vieilles habitudes. Soit.

Mais pourquoi autant d'agressivité, d'animosité et de haine à l'égard d'une égalité des sexes linguistique ? Que dissimule cette véhémence? Rien de raisonnable assurément, car le cœur haineux a ses raisons que la raison elle-même ignore. Nul doute qu'à la clé de toutes ces réactions intempestives, hystériques qui frisent le ridicule, se trouvent des frustrations, du ressentiment, des impuissances, le besoin de diminuer l'autre ou des blessures narcissiques, qui n'ont que peu avoir avec une réflexion sereine sur l'évolution du langage en tant que telle.

 

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La philosophe et écrivaine, Françoise Collin précisait dans son ouvrage  "Je partirais d'un mot. Le champ symbolique " (émission PF n°41, septembre 1999) :

"Aucun mot n'est indifférent… Le travail portant sur le champ de l'écriture et plus généralement sur l'ensemble du champ symbolique constitue un enjeu dont celles qui ont le souci de la transformation des rapports de sexe et du monde commun n'ont pas toujours apprécié suffisamment l'importance. Peut-être parce que le symbolique – la culture, le langage, les arts – apparaissaient encore souvent comme des « superstructures » - pour employer le vieux langage marxiste -, le reflet du réel plutôt que le lieu de sa constitution, l'action socio-politique semblant toujours d'une plus grande urgence. Ainsi, l'écriture ou l'art relèverait d'une certaine manière du loisir ou de la communication, non de l'acte novateur. "

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Elle soulignait ce fait important :

"Or l'absence de rapport avec la dimension du symbolique et plus particulièrement avec l'écriture est un grand risque. Car elle prive un mouvement de libération du point le plus profond de son rapport à la liberté."

Et Françoise Collin d'insister sur cet aspect central :

"Si on se place au point de vue de l'espérance et de la volonté du féminisme comme mouvement politique au sens le plus large du terme, il ne peut y avoir de transformation des rapports sociaux sans une transformation du champ symbolique. Et si les progrès obtenus par les luttes des femmes dans l'ordre des lois, des institutions ou des mœurs, au sein des sociétés occidentales, peuvent apparaître encore si fragiles, voire si constamment menacés, c'est qu'ils ne sont pas étayés par une transformation de l'ordre du sens. Ils ne sont pas inscrits dans la profondeur de la constitution de la conscience et du langage. Ils restent dès lors toujours ponctuels. Le monde commun continue à être figuré par les hommes et à se représenter comme masculin même s'il fait une place plus grande aux femmes. "  

 

Puis Françoise Collin résumait ce que le féminisme en tant que mouvement social et politique et haut lieu de la réflexion, a toujours questionné, à savoir, la confusion entre l'universel et le masculin, née d'une domination longue – plusieurs fois millénaire - et étendue – politique, culturelle, symbolique, économique, psychologique - d'un sexe sur l'autre :

"Le point de départ de notre réflexion et de notre travail, notre étonnement initial est le suivant : comment se fait-il que la langue, les formes, les sons, les images, qui constituent le fond symbolique auquel l'humanité s'alimente soient produits ou du moins maîtrisés majoritairement par des hommes et de leur point de vue ? Pourquoi ont-ils toujours parlé pour les femmes et en leur nom ? Pourquoi l'universel est-il sous la garde d'une moitié de l'humanité ? Ou du moins, comment se fait-il qu'une moitié de l'humanité en soit créditée ? En effet si l'humanité est non pas une ou deux mais à la fois une et deux, le monde peut-il être signifié par un seul des deux? "

 

          Capsou

Si vous êtes en faveur de l'égalité des sexes, concrètement et pas seulement de façon abstraite ou lointaine, la réponse à cette dernière question posée est non.

De plus, effacer ou éradiquer les femmes de la sphère linguistique, symbolique, culturelle, sociale, économique, politique, etc., constitue une double négation : la négation d'une composante de l'humanité, et la négation de l'humanité des femmes.

                                 

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Le 31 octobre 2000, j'ai reçu dans l'émission Planète Féministe, Anne-Marie Houdebine-Gravaud (1940-2016), linguiste et sémiologue à l’université René Descartes Paris V, pour le livre La féminisation des noms de métiers, en français et dans d’autres langues (sous la direction de A.M.Houdebine-Gravaud, L’Harmattan, 1998). Nous avions ri ce soir-là, car l'auteure évoquait de façon humoristique, tous les illogismes, la confusion et les inepties du langage androcentré sexiste, qui figurent dans la préface de son ouvrage.

 

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Le 28 février 2019, l’Académie française a adopté dans sa séance, à une large majorité, le rapport sur la féminisation des noms de métiers et de fonctions. Mieux vaut tard que jamais ! Nous sommes en bonne voie pour passer du langage androcentré sexiste au langage universel, comme jadis nous sommes passé/es du géocentrisme à l'héliocentrisme. Le modèle de Ptolémée (Antiquité) fut abandonné puis lui a succédé celui de la Révolution copernicienne (16e et 17e siècles) qui renverse la représentation du monde et de l'univers. La Terre n'est ni immobile ni le centre de l'univers et en plus, tout en tournant sur elle-même, elle tourne autour du Soleil. 

 

    

L'histoire de la langue française nous apprend que la masculinisation de cette langue est le fruit d'idéologues sexistes, qu'elle n'a pas toujours existé, qu'elle n'est pas universelle et qu'il en fut autrement dans les temps antérieurs. Ce savoir historico-linguistique permet de mettre les points sur les "i" à toutes celles et à tous ceux qui refusent le langage universel, le méprisent, le moquent du haut de leur ignorance, de leur sexisme ou de leur psychorigidité.

 

   

 

 

 

 

      Marie-Anne  JURICIC 

 

 

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      Marie-Anne  JURICIC      

 

 

 

 

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Sandro Botticelli (1445-1510), La Naissance de Vénus (1484/1485)

 

 

 

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Visage de Vénus / Aphrodite / Simonetta Vespucci (1453-1476)

 

 

 

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      Marie-Anne  JURICIC    

  

 

 

 

 

 

    

 

                                             

 

  

 

 

 

 

 

    

 

   

 

 

 

     

 

 

 

  

 

 

 

   

 

 

 

         

 

 

 

   

 

       

 

 

  

 

    

 

 

 

 

 

 

                                               

 

 

                                            Feuillage10

 

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